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programme 2019
Jeudi 3 octobre

VIVRE ET CHANTER
(HUO SHE CHANG SHE / TO LIVE TO SING)

Jeudi 3 octobre || 14h00

De Johnny Ma
Chine/France – VOSTF – Drame – 105’
Avec Gan Guidan, Yan Xihu, Zhao Xiaoli

AVANT-PREMIÈRE

Zhao Li dirige une troupe d’arts traditionnels de la scène d’opéra du sichuan, installée dans un vieux théâtre d’un quartier vieillot de Chengdu. Tout est voué à disparaître mais quand Zhao Li reçoit l’arrêté de démolition du théâtre, elle préfère le taire à ses comédiens dans l’espoir de trouver une issue favorable au désir ébranlé de continuer à vivre et chanter…

 

 

 

Il ne s’agit pas seulement de s’apitoyer avec une larme nostalgique sur le bon vieux temps, de regretter que le passé s’efface sous le présent ou de déplorer que disparaisse un art séculaire qui ne trouve plus son public. D’ailleurs, le clin d’oeil au film hongkongais Le Roi des masques, en insistant sur la popularité renaissante de cet art ancien, rappelle que succès comme insuccès sont volages. Le film interroge la Chine, une Chine en pleine mutation, qui se modernise, une Chine en chantier où les paysages de gravats ont souvent l’ambiguïté des ruines. « L’art doit s’adapter au monde réel » dit un personnage mais cela engage-t-il la caducité irrévocable d’une certaine idée intemporelle de la Chine ? Ou bien, cet Esprit permanent de la Chine, que l’on voit en gnome hanter tel un fantôme Zhao Li et les terrains vagues, est-il capable de comprendre le théâtre de la modernité et de chanter la permanence de la comédie humaine en y « mêlant désormais la rumeur des machines » ? Car si la joie de chanter s’évanouit vite hors de la scène, la danse envahit – semble « construire », entre rêves et cauchemars, un monde en démolition : dans un ballet de pelles, de godets et de briques qui prennent étrangement des allures de dragons modernes. « Prends ton temps » insiste un des personnages : peut-être est-ce là le conseil le plus sage et l’essence de l’art, à même de résoudre le fractionnement du temps et celui de la Chine.

JOHNNY MA
De son vrai nom Nan Ma, il est né en 1982 à Shangaï et émigre au Canada à l’âge de 10 ans. Diplômé de l’Université Columbia, passé d’abord par le documentaire, il rentre en Chine pour son film de thèse. Après Old Stone, thriller présenté en 2016 à la Berlinale, et qui reçut aussi le Prix du meilleur premier film canadien au Festival international du film de Toronto, To Live to Sing est son second long métrage, projeté cette année à Cannes, à La Quinzaine des Réalisateurs.

 

Le Court-Métrage

BILL
De David Solinhac, Hadrien Rol 4’

Un homme dans sa cuisine, a égaré la tétine du biberon de son bébé. Il cherche, fouille et découvre que sa maison est quelque peu en désordre...

 

 

GIVE ME LIBERTY

Jeudi 3 octobre || 16h00

De Kirill Mikhanovsky
E.-U. – VOSTF – Comédie – 111’
Avec Chris Galust, Lauren « Lolo » Spencer, Maxim Stoyanov

AVANT-PREMIÈRE

 

 

À milwaukee, vic, jeune Américain d’origine russe, un peu malchanceux, conduit un minibus pour personnes handicapées. Ce matin, il est très en retard dans sa tournée : son grandpère fait des siennes, et il accepte à contrecoeur de le conduire, avec ses amis de la petite communauté russophone, aux funérailles d’une des leurs, Lilya. Vic voit la menace de son licenciement se rapprocher !

 

Ce film déborde d’une énergie impressionnante, communicative, qui semble presque nous pousser dans l’écran, au sein même du maelström de cet « urban movie » – pulsé, qui plus est, par une bande-son étonnamment tonique. Au point d’être dérangeante ? Indubitablement, puisque cela nous « remue », et nous remue d’autant plus que le cocasse des situations confronte souvent au rire notre sensibilité à la mort ou au handicap. Mais ce burlesque est d’un cynisme libérateur, créatif, empreint d’une humanité qui cherche à puiser la joie, le bonheur, au seuil de notre fragilité extrême et fondamentale : la limitation, la difficulté de chacun à interagir avec son environnement.

C’est la définition-même du handicap. Nous sommes tous rendus handicapés par la vie. Mais ne croyez pas que cette « généralisation » fasse fi des difficultés propres aux personnes handicapées, ni que ces dernières soient habilement tenues pour des métaphores de nous tous. Simplement, le père de substitution de Vic, couché par la paralysie, lui enseigne, par le récit de ses amours, que le bonheur est partout à notre portée, entre les interstices de nos drames, comme l’idéal même de la liberté. Un idéal qui n’est sans doute pas incarné par l’Amérique en tant que nation, mais plus certainement par l’idée de ce qu’incarne cette Amérique du Monde Nouveau pour tous ceux qui émigrent en suivant cette étoile, comme le grand-père de Vic l’a fait, comme Kirill Mikhanovsky lui-même l’a fait.

KIRILL MIKHANOSKY
Le réalisateur est né en 1971 à Moscou et s’installe aux États-Unis à l’âge de 17 ans. Il s’inspire donc de sa propre expérience pour réaliser Give Me Liberty. Ce film, premier volet d’un projet plus large initié dans le cadre de la Give Me Liberty Productions, est son deuxième long-métrage après Sonhos de Peixe réalisé en 2005 au Brésil, où le réalisateur a plus récemment participé, en 2017, à l’écriture du formidable film de Felipe Barbosa, Gabriel et la Montagne.

 

Le Court-Métrage

DES HOMMES

De Romain Cogitore 2007 – 20’
Juillet 1944. On faisait le guet ensemble, en pleine forêt. Un Allemand s'est pointé sur le sentier, perdu..

TAKE ME SOMEWHERE NICE

Jeudi 3 octobre || 18h30

D’Ena Sendijarevic Pays-Bas/Bosnie – VOSTF – Drame – 91’
Avec Sanja Burić, Jasna Đuričić, Mario Knezovic.

Prix du Meilleur film au Festival de cinéma de Sarajevo.

AVANT-PREMIÈRE

 

Alma voyage depuis les Pays-bas jusqu'en bosnie pour rendre visite à son père, hospitalisé, et qu'elle n'a jamais rencontré. Accompagnée de son cousin et d’un ami, elle s’embarque dans un road-trip imprévisible au coeur du pays.

Alma est curieuse de son identité multiple, à cheval sur des cultures différentes. Et il n’y a rien de mieux que la voiture pour passer les frontières. Ainsi, le choix du road-movie propose une tonalité qui change des récits réalistes sur la recherche de ses racines. Le format 4/3, une image très colorée, dans les tons pastel, façon polaroïd, lui donnent une saveur à la fois nostalgique et sensuelle, nonchalante et passionnée. De fait, le film ne craint ni les situations surprenantes ou irréelles, ni l’autodérision, et l’on pense plus d’une fois au cinéma d’Aki Kaurismäki. Il interroge toutefois un paradoxe : comment concilier une filiation multiple et l’unité de sa propre identité dans un monde morcelé par les frontières ? C’est un peu comme enfiler un impossible habit d’Arlequin dont une manche serait cousue, une poche mise à la place d’une jambe, avec un chapeau pour chaussure. Un habit à ce point étriqué et mal fichu empêche de se sentir bien. Une Europe à ce point mal fagotée ne correspond plus du tout à la jeunesse qu’elle a engendrée. Mais Alma tient à jouir de la vie. En regard du drame inévitable de son retour dans un pays traumatisé, persiste toujours en elle ce désir de découvrir un lieu qui soit beau, de découvrir les étoiles.

ENA SENDIJAREVIĆ

na Sendijarević est une réalisatrice hollandaise d'origine bosnienne. Après des études de cinéma à l'Université d'Amsterdam puis à la Freie Universität de Berlin, elle obtient son diplôme de la Netherlands Film Academy en 2014. Ena Sendijarević s'est faite remarquer par plusieurs court-métrages – Travelers Into The Night en 2013, Fernweh en 2014 et Import en 2016 – qui ont remporté de nombreux prix dans des festivals dont la Quinzaine des réalisateurs à Cannes et le Festival de Toronto. Son dernier court-métrage a représenté les Pays-Bas aux Oscars 2017. Take Me Somewhere Nice est son premier long métrage.

Le Court-Métrage

DISCIPLINE

De Christophe M. Saber 12’
Un père excédé donne une baffe à sa fille dans une épicerie...

 

 

CHANSON DOUCE

Jeudi 3 octobre || 21h00

De Lucie Borleteau
Avec Karin Viard, Leïla Bekhti, Antoine Reinartz

AVANT-PREMIÈRE

 

 

 

Paul et Myriam, un jeune couple de classe moyenne parisien, ont deux enfants en bas âge. ils engagent Louise, une nounou expérimentée, pour que myriam puisse reprendre le travail. Louise se montre dévouée, consciencieuse, volontaire, au point que sa présence occupe une place centrale dans la famille. mais très vite, les réactions de Louise deviennent inquiétantes..

A l'origine, il y a le roman glaçant de Leïla Slimani, Prix Goncourt 2016, que la réalisatrice adapte avec brio : une peinture très cruelle de la société actuelle, sans parti pris ni jugement moral sur ses personnages. Le film montre une zone peu représentée au cinéma : la relation entre une nounou et les enfants qu’elle garde. En ce sens, Chanson Douce possède une dimension sociologique quasi documentaire – déjà très présente dans le roman – dans sa manière de disséquer les rapports entre les enfants, les parents et l’employée, les différences de classes sociales, d’origines… D'emblée, un certain malaise apparaît, car cette plongée dans un quotidien considéré comme trivial, relève de l'intime. Malaise qui grandit tout au long du film, et qui prend forme à travers le personnage de Louise, incarné par une excellente Karin Viard qui sort de ses rôles habituels. Louise est touchante et imprévisible. Elle exerce ainsi une certaine fascination sur le spectateur. Elle attire, elle intrigue, car autour d’elle flotte un mystère. C’est elle qui fait osciller le film entre chronique réaliste et thriller/épouvante : il règne dans Chanson Douce une « inquiétante étrangeté » qui n’est pas sans rappeler certains films de Polanski.

LUCIE BORLETEAU
Lucie Borleteau est née le 29 novembre 1980. Après des études à Ciné-Sup à Nantes, classe préparatoire aux grandes écoles de cinéma, elle intègre l'Université Paris VIII où elle décroche une maîtrise de cinéma en 2004. Stagiaire chez Why Not Production, elle y reste finalement huit ans, et côtoie ses cinéastes préférés : Arnaud Desplechin, Xavier Beauvois... La jeune femme touche à tout : actrice (elle apparaît dans La Fille du 14 juillet, Le Grand jeu, Numéro une...), scénariste (elle collabore avec Claire Denis pourWhite Material), et réalisatrice, avec à son actif trois courtsmétrages et une série (Cannabis, produit par Tonie Marshall). Chanson douce est don deuxième longmétrage, après Fidelio, l'Odyssée d'Alice.