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programme 2019
Mardi 1er octobre

L'hédonisme du spectateur trouve d'abord sa source dans les films, et donc une programmation. N'est-ce pas ce que Ciné+, en tant qu'association de cinéphiles, recherchait dès sa création ? Jusqu'à présent, c'était à chaque année son thème ; cette année sera à chaque journée son thème. Nous faisons là le pari de laisser ouvert au plus grand l'éventail des thèmes hédonistes – le sexe, la table, la satire - qui sont notre miroir: nous regardons le cinéma et le cinéma nous regarde...

 

Le Court-Métrage

LES ROUTES
de Romain Cogitore
5’ Documentaire de 2003

 

 

 

IT MUST BE HEAVEN

Mardi 1er octobre || 18h30

Avec Elia Suleiman, Tarik Kopty, Ali Suliman, Kareem Ghneim

Cannes 2019 – Mention spéciale- AVANT-PREMIÈRE

Elia est Palestinien, mais, est-il si bien que cela en Palestine ? il scrute ses voisins, au-delà de son balcon, dans sa ruelle, sur la place, dans les vergers… Quel étrange pays ! Peut-on réellement se sentir chez soi dans un pays étrange ou bien y est-on, par la force des choses, un étranger ? Cela mérite d’être sondé, d’être vérifié : alors elia part dans le vaste monde. il va voir ailleurs « si j’y suis », à Paris, à New-York...

 

 

 

Suleiman semble parfois regretter d’être comparé à des artistes burlesques qu’il ne connaissait même pas lorsqu’il a débuté au cinéma et regretter aussi que l’on focalise notre vision de son monde sur la Palestine au prétexte que la Palestine est au centre de chacun de ses films. Il est pourtant indéniable qu’à nouveau dans It Must Be Heaven, le masque muet d’Elia nous rappelle celui de Buster Keaton, sa silhouette et son univers sonore, celle et celui de M. Hulot, son personnage dédoublé celui de Charlie en Charlot. Le burlesque réveille en nous des émotions de cinéma, et nous reconnaissons ce regard de comédie comme celui d’une communauté d’artistes, certes indépendants, mais qui partagent un regard familier et commun sur le monde. Un regard poétique, à l’ironie grinçante et tendre, un peu triste ; le doigt pointé sur le monde comme le doigt posé sur une douleur dentaire. La Palestine semble plus clairement une métonymie du monde. À bien y regarder, Paris ressemble par bien des aspects à l’image que l’on se fait de la Palestine, même New York ! Or la Palestine est un état curieux : c’est à la fois un pays et ce n’en est pas un ! Si l’on résout le syllogisme, la France et l’Amérique sont ainsi des pays et n’en sont pas. Peut-être les pays sont-ils désormais un mythe, peut-être reste-t-il le monde, dont nous serions citoyens. Citoyens du monde...

ELIA SULEIMAN
Entre Chronique d’une disparition – prix du meilleur
premier film à la Mostra de Venise 1996 - et It Must
Be Heaven, 23 ans et quatre films, auxquels s’ajoutent
un épisode de Chacun son cinéma et un autre
dans 7 jours à La Havane, deux films à sketches : c’est
dire si Elia Suleiman est un cinéaste rare, toujours
remarqué, toujours attendu. Déjà en 2002, Intervention
divine avait été distingué du Prix du Jury au Festival
de Cannes.

 

 

LITTLE JOE

Mardi 1er octobre || 21h15

De Jessica HAUSNER Autriche/Angleterre – VOSTF – Science-fiction – 105’
Avec Emily Beecham, Ben Whishaw, Kerry Fox

AVANT-PREMIÈRE- Cannes 2019 – Prix d’interprétation féminine pour Emily Beecham.

Alice, mère célibataire, est une phytogénéticienne chevronnée qui travaille pour une société spécialisée dans le développement de nouvelles espèces de plantes. elle a conçu une fleur très particulière, rouge vermillon, remarquable tant pour sa beauté que pour son intérêt thérapeutique. en effet, si on la conserve à la bonne température, si on la nourrit correctement et si on lui parle régulièrement, la plante rend son propriétaire heureux. Évidemment, il y a un « mais »...

Le Court-Métrage

L’EXPÉRIENCE VANYA

De Laurent Salgues 17’ - 2019
Le film de la master-class dirigée par Jean-Baptiste Marcenac durant l’édition 2019 de Cinédélices. Place à Tchékhov !

 

Longtemps collaboratrice de Michael Haneke, Jessica Hausner est une cinéaste du malaise et de l’ambivalence. Dans cette fable d’anticipation qui joue des possibilités inquiétantes du monde des laboratoires et de la manipulation génétique, la réalisatrice veille toujours à ce que sa mise en scène évite les ressorts habituels du cinéma, pour instiller la peur. Les effets obscurs de Little Joe, l’importance du hors-champ, le travail de la couleur – la photographie, impressionnante, est signée Martin Gschlacht – la musique expérimentale, l’ambiguïté très particulière de la mère, tout donne au film un glacis formel, une ambiance incertaine qui nous prive de toute réaction claire et nous renvoie à notre propre capacité de paranoïa. Mais, Little Joe pose vraiment la question du bonheur. On sent Faust dans le film ! Mais qui serait Méphistophélès ? Et que nous dit l’ocytocine sécrétée par Little Joe ? En tant qu’hormone de la maternité, peut-être nous raconte-t-elle qu’audelà de réaliser un film de science-fiction, Jessica Hausner raconte d’abord l’histoire d’une mère et son enfant. Mais cela n’est pas moins inquiétant !

 

 

JESSICA HAUSNER

Née en Autriche en 1972, Jessica Hausner étudie la mise en scène à la Filmakademie de Vienne. Son premier court-métrage, Flora (1996), est primé à Locarno. En 1999, elle crée sa société de production, coop99, avec Martin Gschlacht, notamment. Ses deux premiers longs-métrages, Lovely Rita (2001) et Hôtel (2004), sont projetés au Festival de Cannes, à la sélection Un Certain Regard. Lourdes, une interrogation sur l’ambiguïté des guérisons miraculeuses, est invité en compétition à Venise en 2009 et vaut à Sylvie Testud le Prix de la meilleure actrice aux European Film Awards.