SAMEDI 23 NOVEMBRE- 10H00
De Max Ophuls
France - 1952 / Version restaurée - drame - 97’
Avec Danielle DARRIEUX, Claude DAUPHIN, Gaby MORLAY, Madeleine RENAUD, Jean GABIN
Adaptation de trois nouvelles de Maupassant. Dans « Le Masque », un vieillard parcourt les allées d’un bal, affublé d’un masque de jeune homme. Dans « La Maison Tellier », les pensionnaires d’une maison close assistent à un communion. Dans « Le Modèle », une femme se défenestre après s’être disputée avec l’homme qu’elle aime.
Trois contes « moraux », dans lesquels un Maupassant cruel dresse tour à tour, sur le thème du plaisir, une tragédie, une comédie ironique et un drame cynique et dont Ophuls fait une sorte de comédie dramatique en trois actes. Dire qu’il s’agit là d’une adaptation inégalée est une litote mais au-delà de l’idée d’un sommet du cinéma, il y a trois raisons de revoir ce film : le plaisir de toujours renouer le fil avec un écrivain dont nous sommes familiers depuis l’adolescence ; celui de goûter l’art d’un cinéaste qui pour beaucoup de confrères fut le maître du travelling – celui du groom dans Le Masque, de la présentation de la Maison Tellier, de la dispute dans Le Modèle – ; celui d’offrir une réflexion déroutante autour de l’esprit-même de notre festival.
Max OPHULS : D’origine allemande, de son vrai nom Maximillian Oppenheimer, il débute sa carrière au théâtre, notamment à Vienne, puis, à compter de 1929, s’oriente vers le cinéma, à Berlin (Le Studio amoureux, en 1932). C’est l’arrivée de Hitler au pouvoir qui l’entraîne en France en 1938 (Le Roman de Werther) puis aux États-Unis, où il réalise Lettre d’une inconnue. De retour en France en 1950, il tourne jusqu’en 1955, avec Lola Montès. Il décède en 1957, à l’âge de 55 ans.
SAMEDI 23 NOVEMBRE - 10H30
de Paronnaud & Ducord
France - film d’animation/aventure/fantastique – 81’ - À partir du 7 ans
Sélection jeune public festival de Cannes 2024
Avec les voix de Yolande MOREAU, Philippe KATERINE, José GARCIA
Angelo, 10 ans, se rêve aventurier et explorateur. Jusqu’au jour où, partant en voiture avec sa famille pour se rendre au chevet de sa Mémé adorée bien malade, il est brusquement mis au défi de prouver son courage : oublié par erreur sur une aire d’autoroute, Angelo décide de couper à travers la forêt pour rejoindre la maison de Mémé. Il s’enfonce alors dans un territoire mystérieux peuplé d’êtres étranges que menace un ennemi pire encore que l’ogre de la région… Voici un conte moderne, qui intègre nombre de problématiques actuelles, qu’il s’agisse d’écologie, ou de genre, en plus des questionnements éternels du conte, à propos de la mort, des origines, de la quête : le film est un double voyage. L’animation impressionne notamment par ses choix de colorisation, quand les personnages peuvent rappeler certains de Tim Burton – Ultra, le « méchant », version Beetlejuice ou The Joker – ou de Miyazaki – Bou, versus Totoro. On tremble, on anticipe, on espère : le spectateur remue sur son siège !
Vincent PARONNAUD & Alexis DUCORD : Également connu sous le pseudonyme de Winshluss, Vincent Paronnaud est auteur de bande-dessinée : dernier album en date, en 2021, J’ai tué le soleil. Sa notoriété au cinéma se nourrit de sa coopération avec Marjane Satrapi lors de l’adaptation animée de Persépolis, en 2007, puis de Poulet aux prunes, en 2011. Réalisateur, concepteur de story-board, Alexis Ducord a notamment travaillé sur Avril et le monde truqué.
SAMEDI 23 NOVEMBRE- 13H30
de Miguel Gomez
Portugal - Aventure, comédie, drame - 128’ - VOSTF
Avec Gonçalo WADDINGTON, Crista ALFAIATE, Teresa MADRUGA
Prix de la mise en scène - festival de Cannes 2024
Rangoon, Birmanie, 1918. Edward, fonctionnaire de l’Empire britannique, s’enfuit le jour où il devait épouser sa fiancée depuis 7 ans, Molly. Quant à elle déterminée à se marier, Molly part à la recherche d’Edward et suit les traces de son Grand Tour à travers l’Asie.
Un film construit tel un diptyque : partie I, Edward ; partie II, Molly. Et dans cette dialectique narrative, un accent plus nostalgique d’abord, la fuite d’Edward ; une tonalité bien plus drolatique, ensuite, dans la course espiègle de Molly. Ce qui surprend et réjouit, c’est la plasticité narrative et la variété plastique du film : le foisonnement des rencontres, la mise en abyme du récit via ses incursions dans les spectacles orientaux les plus divers, les plongées et les remontées dans le temps, la ronde des langues à travers l’Asie, les clins d’oeil au cinéma. Le tout pour une poursuite amoureuse complètement folle, tout à la fois épique et lyrique où chacun suit sa ligne de vie dans un monde oriental, qui sonne à nos yeux comme une curiosité baroque, un monde caduc qui se drape de merveilleux.
Miguel GOMEZ : Diplômé de l’école supérieure de théâtre et de cinéma de Lisbonne, d’abord critique de cinéma, il entre en réalisation en 1999, signant son premier long métrage en 2004, La Gueule que tu mérites. Viennent ensuite quatre films développant des thèmes amoureux (Ce cher mois d’août, 2008), coloniaux (Tabou, 2012), ou des motifs musicaux qu’on trouve désormais tous réunis dans Grand tour.
SAMEDI 23 NOVEMBRE- 15H45
de Reda Kateb
France - Comédie dramatique - 116’
Avec Aloïse SAUVAGE, Philippe REBBOT, Jean-Philippe BUZAUD
Jo, une jeune femme, artiste de cirque de rue, découvre le travail des clowns professionnels de "Nez pour rire". Vite - peut-être trop vite - entrée dans l’association, elle se retrouve à l’hôpital au contact des enfants, des malades, des soignants et des familles, à qui ces clowns tentent inlassablement d’apporter de la joie et du réconfort.
Kateb déclare dans une interview que le rire est pour lui façon de « répondre au monde en étant vivant », de parer sa « brutalité » par l’expression d’une réelle « vitalité ». C’est tout l’espoir d’un film qui loin de toute morbidité, de tout pathos, et à hauteur d’enfant, fait le portrait de toute une équipe de soin au sein de laquelle « le rire-médecin » du clown prend sa part décisive. Mais c’est aussi le portrait d’une artiste quelque part fourvoyée qui entame un chemin initiatique, et se révèle à elle-même et se révèle aux autres.
SAMEDI 23 NOVEMBRE - 16H00
de Maryam Moghadam & Behtash Sanaeeha
Iran - Comédie dramatique - 96’- VOSTF
Avec Lili Farhadpour et Esmaeel Mehrabi
Sélection officielle Berlinale 2024
Infirmière retraitée, veuve d’un médecin militaire, Mahin est une septuagénaire coquette, qui vit à Téhéran dans une maison entourée d’un jardin qu’elle cultive avec attention. Elle y reçoit ses amies : ensemble elles parlent des hommes – s’en gaussent avec une pointe de nostalgie – et de la vieillesse – en rient avec une ironie fataliste. Mais les visites se font rares, sa fille et ses petits enfants vivent à l’étranger. Mahin décide alors de se prendre en main et de combattre la solitude qui guette…
Maryam Moghadam & Behtash Sanaeeha n’ont pas pu aller présenter leur film à Berlin, en étant empêchés par les autorités iraniennes. Lili Farhadpour, leur actrice, lira pour eux : « Nous avons décidé de franchir toutes les lignes rouges restrictives et d’accepter les conséquences de notre choix de peindre une image réelle des femmes iraniennes – des images qui ont été interdites dans le cinéma iranien depuis la révolution islamique. » Un film peut ainsi être d’une subversion brûlante alors même que sa tonalité oscille entre le burlesque – Mahin part en chasse – et le romantisme d’une rencontre de deux « adolescents » septuagénaires. Bien sûr, la réalité des tensions de la société iranienne affleure régulièrement dans le film mais l’histoire est avant tout celle de l’amour en vieillissant, du plaisir en vieillissant, le rappel, contre les préjugés d’une pudeur déplacée, que la vie ne s’arrête pas avant la mort. Des préjugés qui ne se restreignent sans doute pas à l’Iran.
Maryam MOGHADAM & Behtash SANAEEHA : Maryam est née à Téhéran. Actrice, scénariste et réalisatrice, diplômée de l’école des arts du spectacle de Göteborg, en Suède, elle a joué dans des films iraniens tels que Pardé (2013) de Jafar Panahi et Kambuzia Partovi, Ours d’argent à Berlin. Behtash, né à Shiraz, est architecte de formation. Le film est ici leur troisième collaboration après Risk of Acid Rain, en 2015, puis Le Pardon, en 2021.
SAMEDI 23 NOVEMBRE- 18H00
de Emmanuel Courcol
France – comédie dramatique – 103’
Avec Benjamin LAVERNHE, Pierre LOTTIN et Sarah SUCO
AVANT-PREMIERE - Sélection Cannes Première 2024
Thibaut est un chef d’orchestre de renommée internationale qui parcourt le monde. Il apprend qu’il a été adopté et découvre en suivant, l’existence d’un frère, Jimmy, employé de cantine scolaire, qui joue du trombone dans une fanfare du nord de la France. Tout les sépare, mais l’amour de la musique les réunit. Détectant les capacités musicales exceptionnelles de son frère,Thibaut se donne pour mission de réparer l’injustice du destin et Jimmy se prend alors à rêver d’une autre vie…
Un « good movie » a ceci de particulier que le spectateur est immédiatement partie prenante, il se forge une idée du scénario et résiste autant que possible à tout ce qui l’inquiète, à tout ce qui pourrait sortir du cadre qu’il anticipe d’une « belle histoire ». Cela crée une tension véritable qui alterne avec le souffle de la musique auquel on cède avec délice parce que la musique a sa propre magie, ses plaisirs sensuels à parts entières. Il est d’ailleurs habile de proposer cette histoire « à la Bourdieu » à travers le motif de la réunion de deux univers musicaux, qui fonctionne comme une métaphore de la réunion des deux frères : musique savante et musique populaire, philharmonies et harmonies locales sont soeurs et ce film est finalement un hommage à tous les musiciens, sans distinction. Ce qu’applaudiraient nombre de musiciens « savants » revendiquant leurs dettes à la musique populaire.
Emmanuel COURCOL : Angevin d’origine, il débute au théâtre, travaillant notamment sous la direction de Planchon ou de Hossein, puis s’oriente vers l’écriture de scénario dans les années 2000, collaborant notamment avec Philippe Lioret et Édouard Bergeon : il reçoit d’ailleurs le César du meilleur scénario original pour Welcome, en 2010. Il commence à réaliser au début des années 2010. En 2020, il est lauréat du prix du public au festival d’Angoulême, pour Un triomphe
SOIRÉE « ALLONS DÎNER AU CINÉMA »
(sur réservation avant le 18 novembre) Plateaux préparés par Camille et Maxime Bley, Le Mandra
Tortilla et son aïoli
Wrap saumon fumé par nos soins et choux rouge mariné au citron
Feuilleté chèvre du causse, miel et thym frais
Crémeux chocolat et praliné de maïs grillé
Le CLOS TROTELIGOTTE présenté par Emmanuel Rybinski, accompagnera les plateaux -
14,50 €
SAMEDI 23 NOVEMBRE - 21H30
de Veit Helmer
Allemagne / Géorgie - Comédie / Romance - 82’
Avec Matilda IRRMANN, Niara CHICHINADZE, Nino SOSELIA
Dans les montagnes de Géorgie, un téléphérique relie un village à une petite ville de la vallée. Deux jeunes femmes, Iva et Nino, y sont employées. Toutes les demi-heures, leurs cabines se croisent en un suspens éphémère : à chaque fois, c’est l’occasion d’un moment de bonheur et de fête... Peut-être Helmer n’a-t-il même pas eu besoin de scénario : d’une idée simple, il a tiré une trame limpide, légère comme la meringue d’un grand chef. Et le spectateur papillonne de plaisir au fil des fantaisies festives du duo de jeunes femmes, qui nous renvoient aux jeux de l’enfance, à l’enfance de l’art, ravivant en nous mille échos de cinéma : pour certains ce seront Tati, Marceau, Étaix, pour d’autres Les Petites Marguerites, Amélie Poulain… à chacun ses madeleines, ses plaisirs du grand écran !
Veit HELMER : Né à Hanovre en 1968, il réalise des films depuis ses 13 ans. Il étudie la mise en scène à Berlin, le cinéma à Munich. Peut-être que le choix, dès ses débuts, de produire ses propres films, courts puis longs métrages – Absurdistan, en 2008, Baïkonour, en 2011 –, et de se satisfaire de budgets serrés, explique-t-il deux caractéristiques de son cinéma : un quasi « exil » de tournage dans les pays de l’est, Russie, Azerbaïdjan, Géorgie, et son recours à des équipes d’acteurs à tel point cosmopolites, qu’il a dû très tôt épurer ses dialogues jusqu’à parfois les faire disparaître !