RETOUR

programme 2018

L'hédonisme du spectateur trouve d'abord sa source dans les films, et donc une programmation. N'est-ce pas ce que Ciné+, en tant qu'association de cinéphiles, recherchait dès sa création ? Jusqu'à présent, c'était à chaque année son thème ; cette année sera à chaque journée son thème. Nous faisons là le pari de laisser ouvert au plus grand l'éventail des thèmes hédonistes – le sexe, la table, la satire - qui sont notre miroir: nous regardons le cinéma et le cinéma nous regarde...

 

Le Court-Métrage

MONNERLAND 2018
Élèves de 2de de l’enseignement arts visuels au Lycée G. Monnerville 
18’ Accompagnés de Laurence Rossitto (enseignante), Alain Astruc (réalisateur), Jérôme Laparra (comédien), et Sylvie Pechberty (chorégraphe)

C'est la rentrée. Arthur est un nouvel élève « haut en couleur » qui découvre un établissement où la discipline ne laisse guère de place à la fantaisie…

PREMIÈRES SOLITUDES

Mardi 2 octobre à  18h00

De Claire Simon
France – Documentaire – 100’ – Présenté à la Berlinale 2018
AVANT-PREMIÈRE 
En présence de Claire Simon, Sophie Dulac et l’équipe des Arts Visuels du Lycée Monnerville

Dans un lycée d’ivry-sur-Seine, des élèves confient leurs états d’âme, leurs incertitudes, leurs espoirs. ils sont à un moment charnière de leur vie, sur le quai du vrai départ : sur le point de se décrocher de la locomotive familiale, parfois hoquetante, sur le point de prendre les commandes de leur existence. Cela inquiète et cela fait rêver, tout à la fois…

Le pluriel du titre est important : ce n’est pas un film sur la solitude mais sur la prise de conscience de l’imminence effective de notre individualité. On s’émancipe de la conscience collective, notamment familiale et on s’ouvre à d’autres interlocuteurs, comme ces élèves qui partagent les rêves et les peurs d’un avenir qui se précipite vers eux. On n’est pas seul mais on comprend que bientôt notre existence sera de notre seule responsabilité. Nous avons tous vécu cette étape pleine de vitalité inquiète, entre le désir un peu passif de rester attaché et la volonté fébrile de se détacher.

L’hédonisme est ancré dans la volonté de remettre la philosophie au centre de la vie, non comme un exercice universitaire abstrait, mais comme une pratique quotidienne. À la veille de leur année de philo, des lycéens transformant leur lycée en forum, témoignent de cette nécessité, de cette urgence : réfléchir à sa vie, à ses peurs et à ses utopies.

 

 

Le Court-Métrage

EL EMPLEO

De Santiogo Bou Grasso 2008 – Argentine - 7’
Animation politique -

le film que les syndicats pourraient projeter au Medef avant toute négociation !

DIAMANTINO

Mercredi 3 octobre 14h00

De Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt Drame/Comédie fantaisy – 92’
Avec Carloto Cotta, Anabela Moreira, Carla Maciel, Filipe Vargas, Margarita Moreira.
Bande originale : Ulysse Klotz et Adriana Holtz.

Cannes 2018 – Grand prix de la semaine de la critique AVANT-PREMIÈRE 

 

Diamantino est une icône absolue du football, capable à lui seul de déjouer les défenses les plus hermétiques. Mais quand il joue le match le plus important de sa carrière, son génie n’opère plus : STOP !  la star est déchue et c’est peu dire. dès lors, diamantino cherche un sens à sa vie. Commence alors une folle odyssée, dans un méli-mélo où se confronteront néo-fascisme, crise des migrants, trafics génétiques délirants, quête effrénée de la perfection…

« Un film loufoque qui fait pousser des seins à Cristiano Ronaldo. » Ainsi Télérama annonçait-il le film lors de sa présentation cannoise. Et forcément on y pense ! Comme on pense encore plus largement à la planète foot depuis que la coupe du monde est passée, sacrant les torses français au firmament diamantifère du sport. Un mélange de genres assez fou, pur plaisir de cinéphile, miconte de fée, mi-policier et romance aussi, autour d'un personnage naïf et extrêmement gentil. Tout le monde rit mais, apanage du burlesque, cela n’en reste pas moins une vraie satire sociale. Où la métaphore footballistique prend à la fois le contre-pied d’une culture élitiste, et d’une culture populaire. On est tous dribblés ! Tous feintés ! 

 

GABRIEL ABRANTES – DANIEL SCHMIDT

Cinédélices projetait l’an passé A Brief History of Princess X, un court-métrage de Gabriel Abrantes, jeune réalisateur de 34 ans, également plasticien. Un premier long métrage, Pan pleure pas, de 2014, rassemblait trois histoires marquées par son intérêt pour les tabous de la société. Parfait contemporain de son compère, Daniel Schmidt a réalisé un court-métrage en 2010, A History of Mutual Respect, et un moyen-métrage en 2011, Palácios de Pena.

 

Le Court-Métrage

HURDY GURDY

De Daniel Seideneder 2011 – Allemagne - 3’
Expérimental - où se situe la frontière entre le réel et l’artificiel ?

L’AUTRE CONTINENT

Mercredi 3 octobre à 16h00

De Romain Cogitore, France/Taïwan,Romance/drame – 90’
Avec Paul Hamy, Déborah François

AVANT-PREMIÈRE - En présence de Sophie Dulac

 

 

Maria est linguiste. C’est une jeune femme indépendante, pleine de vitalité. Au soir de son départ pour Taïwan, sous le regard étonné de sa mère, elle distribue d’insouciants baisers d’adieu à ses amants de France. Sur l’autre continent, elle rencontre olivier. Lui aussi est linguiste, très brillant d’ailleurs, même s’il construit sa vie avec une timidité méticuleuse qui contraste avec la légèreté de Maria…

Il y a dans ce film bien d’autres continents que l’Europe et l’Asie, bien d’autres « ailleurs » qui vont amener dans la vie de Maria et Olivier leur lot de découvertes. Le sentiment amoureux, la présence de l’autre, déjà, ouvrent à d’autres mondes. Et les aléas de l’existence peuvent ébranler des certitudes que l’on croit arrimées en nous comme des montagnes. L’enjeu du bonheur habite tout le film. Mais l’insouciance hédoniste de Maria, son fil conducteur, son slogan de vie, est mis à mal : lorsque l’éventail temporel s’élargit au futur et au passé de la mémoire, difficile de rester fidèle au présent. Elle est rappelée à l’ordre par sa mère : « Qui c’est qui disait Carpe diem ? (…) Profites-en pour un soir, dans cent ans on est tous morts. » Voici presque une réplique familière ! Qu’on nous l’ait dite ou que nous nous la soyons répétée intérieurement, dans l’inlassable variété de nos vies, nous avons tous cet impétueux questionnement hédoniste.

ROMAIN COGITORE
A 33 ans il est un maelstrom de créativité. Musicien, compositeur, poète, il est aussi homme de théâtre et crée inconnu à cette adresse, de Katherine Kressmann Taylor pour le festival d’Avignon, en 2003. Du cinéma, il connaît tous les métiers, même s’il est passé à la réalisation dès l’an 2000, d’abord pour des courtsmétrages, Agit pop, puis avec un premier long métrage, nos résistances, en 2011, film remarqué, primé pour son scénario, racontant l’histoire, en 44, d’un jeune homme devenu résistant pour séduire sa belle. Il prépare deux documentaires, l’un sur l’impact du retour des loups, La Question sauvage, l’autre, Une Zone à défendre, dont le titre est explicite !

 

 

 

Le Court-Métrage

SUPERBE

De Jonathan Schupak - 2007 – France – 3’
La métamorphose ou l’estime de soi…

 

LE GRAND BAIN

Mercredi 3 octobre à 21h00

De Gilles Lellouche - France – 2018 – Comédie - 122’
Avec Leïla Bekhti, Virginie Efira, Benoît Poelvoorde,Guillaume Canet, Jean-Hugues Anglade.

Cannes 2018 – sélection - AVANT-PREMIÈRE

 


Voici l’histoire de sept copains qui se retrouvent en quarantaine de la vie, pourrait-on dire : Bertrand déprime, Thierry divague, Laurent ressasse, Marcus flambe piteusement, et pour les autres, ce n’est guère mieux… Ensemble, ils décident de se reprendre en main, de se replonger dans le grand bain de l’existence. pour eux, ce sera au sens propre, dans l’eau, sans fard et sans biscoteaux, sous la houlette d’une coach de fer qui va synchroniser tout ça…

Le journal Le Monde rend ainsi compte de la présentation cannoise du film de Lellouche : « L’enthousiasme éprouvé à la projection hors compétition en sélection officielle du Grand Bain ne tient pas seulement au soulagement que fournit soudain la projection, à Cannes, d’une comédie. Promesse d’une bouffée d’air frais dans la profusion de sujets lourds et sombres présentés dans les diverses catégories du Festival, le genre peut aussi faire pleurer de désespoir. Lundi 14 mai, il a fait éclater de rire la grande salle Louis-Lumière. » Un rire régénérant, qui communique à la salle l’essence de « cette quête qui leur donne de l’espoir, de l’envie, » dixit Guillaume Canet. Et dans le miroir narcissique de la piscine, des hommes travaillent une nouvelle image de leur virilité un peu décadente, au sein d’un sport souvent perçu comme exclusivement féminin !

 

GILLES LELLOUCHE

Par ce premier long métrage « en solo » - il a réalisé, en 2012 notamment, l’un des sketchs des infidèles - Gilles Lellouche étoffe un peu plus sa présence dans le panorama du cinéma français. En tant qu’acteur, il est déjà incontournable, passant du registre de la comédie, Le Sens de la fête, l’an passé, ou Les Petits mouchoirs en 2010, au registre dramatique, avec À bout portant, de Fred Cavayé, par exemple, la même année. Il s’annonce prochainement dans L’Amour est une fête, de Cédric Anger et dans nous finirons ensemble, de Guillaume Canet. 

Le Court-Métrage

BON VOYAGE

De Fabio Friedli - 2011 – Suisse - 6’
Technique mixte - Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne – article 45 – sur la liberté de circulation et de séjour…

 

MAUVAISES HERBES

Jeudi 4 octobre à 14h00

De Kheiron - France – Drame/Comédie – 100’
Avec Catherine Deneuve, André Dussolier, Kheiron, Leila Boumedjane, Kheiron.

AVANT-PREMIÈRE

 

 

Au Moyen-Orient, Waël a d’abord été enfant de la guerre, enfant des rues. Recueilli dans un orphelinat, c’est aujourd’hui un jeune homme de banlieue parisienne qui vit sous l’égide bienveillante et complice de Monique, une retraitée. Surtout complice, d’ailleurs ! tant à eux deux ils ont monté un beau numéro d’arnaque ! Mais un imprévu les met sur la route de victor, un ancien ami de Monique, à qui cette dernière impose de prendre waël pour un job d’été : encadrer six ados exclus de leur établissement…

Nous trois ou rien (2015) racontait la vie de ses parents. Avec ce second film, Kheiron quitte en partie le cercle autobiographique et fait un pas vers la fiction. Mais bien sûr, il est des thèmes, des préoccupations qu’il ne délaisse pas, qui font écho à son expérience d’éducateur en banlieue. Le titre n’appelle pas à une apologie du glyphosate ! Voici plutôt la confession d’un permaculteur de l’éducation populaire qui revendique une chance pour tous et professe une confiance sans bornes, qu’elles soient religieuses, sociales ou culturelles. Les liens tissés par les gens de bonne volonté – y compris ceux que certains nomment « racaille » - habillent le monde d’un humanisme triomphant. Un triomphe qui doit beaucoup à l’acuité humoristique de Kheiron, à son talent naturel pour surmonter la face obscure du drame en la retournant pile dans la lumière d’un rire !

KHEIRON

Kheiron arrive d’Iran en 1984, ses parents fuyant le régime de l’Ayatollah Khomeini. Ceux-ci cherchaient une liberté d’expression, leur fils l’a trouvée ! Voici un artiste aux multiples facettes ! Au départ, il y a l’humoriste : initié au Djamel Comedy Club, il co-fonde en 2011 un labo de blagues, le Bordel Club, et ne cesse, depuis, d’arpenter la France en tournées. Mais il est aussi rappeur et slameur ! Avant de passer derrière puis devant la caméra, il avait fait ses armes dans une mini-série, Bref, pour Le Grand Journal de Canal+.

 

 

 

Le Court-Métrage

JEUDI 15H

De Léa Drucker - 2013 – France - 11’
Alors qu'Olga annonce à son compagnon qu'elle veut mettre sa carrière de comédienne entre parenthèses pour faire un enfant, son agent lui propose un rendez-vous avec le metteur en scène qui lui a donné envie de faire ce métier…

LARMES DE JOIE
(RISATE DI GIOIA)

Jeudi 4 octobre à 16h30

De Mario Monicelli - Italie – 1960 – VOST – Comédie – 106’
Avec Anna Magnani, Totò, Ben Gazzara.

FILM PATRIMOINE


Gioia Fabbricotti gagne sa vie comme figurante à Cinecittà sous le nom de Tortorella, tout en rêvant à un avenir de diva. Le soir du réveillon, elle refuse la compagnie d'umberto pennazuto, un ancien acteur surnommé infortunio pour sa capacité à provoquer de faux accidents et à escroquer les assurances. infortunio a promis à son ami Lello, un pickpocket, de tenter un coup pendant la nuit de la Saint- Sylvestre. Les trois personnages se rencontrent par hasard et Tortorella entraîne ses compagnons à un bal masqué…

Trois mois après la sortie de La dolce vita, revoici la Fontaine de Trevi et le décor fabuleux qu’est la nuit romaine. La comédie nous entraîne dans le tourbillon de ses personnages gauches qui cherchent de façon drolatique – pathétique - par de vaines combines, à accrocher des rêves qui flottent autour d’eux comme des vêtements trop grands. On rit, on rit d’eux, et on s’attache. Il n’a pas été facile pour Monicelli de convaincre Anna Magnani de jouer dans son film, non parce qu’elle devenait blonde pour l’occasion, mais parce qu’elle devait donner la réplique à Totò – dont le nom complet est en soi un gag : Antonio Griffo Focas Flavio Angelo Ducas Comneno Porfirogenito Gagliardi De Curtis di Bisanzio. Elle craignait que la veine comique de son partenaire ne déclasse le film : leur duo deviendra ici un des sommets de la comédie italienne !

 

MARIO MONICELLI

Mario Monicelli (1915–2010), c’est plus de soixantedix ans de carrière, une centaine de scenarii et soixante-huit films : une carrière de cinéaste parmi les plus longues et les plus renommées. Ses films les plus connus sont peut-être, coup sur coup, Le Pigeon et La Grande guerre, en 1958 et 59. Il est un des maîtres de la comédie italienne, à la fois proche de la tradition de la commedia dell’arte et faisant montre d’un comique réaliste, souvent grinçant, où l’empathie pour ses personnages se teinte d’amertume sur le monde.

Le Court-Métrage

À LONDRES

De Alberto Gallego Ortiz - 2013 – Espagne - 4’
Fiction – Une jeune femme annonce à sa grand-mère qu’elle la quitte pour Londres où elle s’installe en couple…

RAFIKI

Jeudi 4 octobre à 18h45

De Wanuri Kahiu - Kenya/Afrique du Sud (Anglais et Swahili) – VOST – Drame – 86’
Avec Samantha Mugatsia, Sheila Munyiva, Dennis Musyoka.

Cannes 2018 – sélection « Un certain regard »
 

À nairobi, kena et ziki sont lycéennes. Elles sont pourtant bien différentes : kena préfère traîner avec les garçons sa silhouette dégingandée. ziki, plus aguicheuse et bariolée, arpente les rues de la capitale kenyane avec ses copines. Leurs chemins se croisent lors d’une campagne électorale où s’affrontent leurs pères respectifs. Ce n’est pas un choix mais cette rencontre les trouble, et troublera de toute autre façon un entourage et une société convaincus du bienfondé de leur propre inertie…

« J’ai voulu raconter une belle histoire d’amour africaine » annonce la réalisatrice. Et c’est une belle histoire d’amour, en effet, que la caméra cueille avec douceur, s’approchant des visages et des sourires, du corps des personnages. Mais une douceur qui affronte la fureur du monde ! Une fureur qui n’est pas que fiction puisqu’en écho aux salves d’applaudissements qui ont accueilli le film à Cannes, le Kenya le censurait pour ce qu’il « légitimait l’homosexualité », laissant même planer l’incertitude sur un retour tranquille de la réalisatrice dans son propre pays.

Rencontre / débat dans le cadre du programme :

 « LOTOIS ET PAS HETERO » porté par la MJC Cahors

WANURI KAHIU

Née en 1980 à Nairobi, Wanuri Kahiu a étudié le cinéma en Californie. Elle est une des représentantes de la nouvelle génération du cinéma africain. Inspiré d’une nouvelle de l’auteure ougandaise Monica Arac de nyeko, Jambula tree, Rafiki est le premier film kenyan présenté à Cannes. Ce n’est pourtant pas son premier. Pumzi, un court métrage de science-fiction, a notamment été présenté au Sundance Film Festival, en 2010. En 2008, elle a reçu l’African Movie Academy Award du meilleur réalisateur pour son premier long métrage, From a Whisper, une fiction née du drame de l’attentat contre l’ambassade américaine au Kenya, en 1998.

Le Court-Métrage

LES SHADOCKS ET LA MALADIE MYSTÉRIEUSE

De Thierry Dejean - 2015 – France – Animation – 4’
Les shadocks reviennent, et ils ne vont pas mieux…


 

 

EN LIBERTÉ

Jeudi 4 octobre à 21h30

De Pierre Salvadori - France – Comédie – 107’
Avec Adèle Haenel, Audrey Tautou, Pio Marmai, Vincent Elbaz.

AVANT-PREMIÈRE
 

Pour Yvonne, elle-même inspectrice, c’est d’abord un récit en boucle, plein de douleur : la chute tragique de son mari, le capitaine Santi, l’émergence d’une figure familiale, héroïque, qui saura accompagner le fils que, forcément, Santi ne verra pas grandir. Mais en fait pas du tout…

Comme souvent dans les films burlesques réussis, le spectateur vit le récit selon deux lignes mélodiques, si l’on peut dire. Il y a, bien sûr, la musique du rire, mise en rythme par un éventail effréné de gags ou de parodies aux saveurs variées. Et puis il y a ce que révèle le rire, la dialectique humaniste de la liberté et de la servitude, la liberté de mentir en regard de la geôle du mensonge, celle d’aimer et de vivre, contrariée par le filet, le piège des sentiments liés au passé.

Une liberté qui ne se conteste pas, cependant, c’est celle dont a usé Pierre Salvadori pour écrire et tourner son film, liberté qu’il reconnaît : « On peut aller loin dans le gag, dans l’outrance, il y a quelque chose dans le film qui mélange des sentiments un peu sophistiqués, des émotions sophistiquées, des choses plus triviales, des dialogues un peu écrits et puis des choses un peu plus mal élevées, et donc, il y a avait beaucoup de liberté pour moi ». Appréciation confirmée par Adèle Haenel : « Pierrot plane très largement au-dessus du lot, son écriture est à la fois ultra-minutieuse, et d’une liberté folle. »

PIERRE SALVADORI

Présenté à Cannes à la Quinzaine des réalisateurs, En liberté a reçu le prix SACD (de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques). Enfin un peu de reconnaissance pour Monsieur Salvadori… et pour une comédie, sa neuvième. Nous, spectateurs, n’avions pas attendu pour reconnaître son talent, dès Cible émouvante en 1993 puis Les Apprentis en 1995, longs métrages dans lesquels voir Guillaume Depardieu procure toujours tant de plaisir.

Le Court-Métrage

THE FLY

De Olly Williams - 2014 – Angleterre – Comédie – 7’
Version punk du Lion et le moucheron de La Fontaine.

 

 

HOW TO TALK TO GIRLS AT PARTIES

Vendredi 5 octobre à 14h00

De John Cameron Mitchell États-Unis – Grande Bretagne – 2018 – VOST Comédie d’amour et de science-fiction – 102’
Avec Elle Fanning, Alex Sharp (II), Nicole Kidman, Ruth Wilson Bande-son : Nico Muhly et Jamie Stewart

Cannes 2017 – Hors compétition
 

Musique, drogue et sexe… on est bien dans la vague irrévérencieuse des Sex-Pistols parodiant l’hymne britannique. Même par sa forme, fantasque et intrépide, le film, inspiré d’une nouvelle de Neil Gaiman, est un hommage au mouvement punk. Il ne s’agit cependant pas d’une réminiscence simplement nostalgique. Mitchell en profite au contraire pour creuser son discours libertaire et mêle à un contexte passé des scènes que l’on pourrait souhaiter actuelles, renversant délibérément les stéréotypes amoureux et sexuels. Mais le côté déjanté et la plongée métaphorique dans la science-fiction concourent à conserver au film toute sa légèreté, malgré les menaces intrigantes…

Autre attrait du film : Nicole Kidman, en prêtresse de la scène underground, à la Vivienne Westwood !

JOHN CAMERON MITCHELL

Né en 1963, John Cameron Mitchell est une figure emblématique de la cause gay aux États-Unis. Acteur, scénariste, réalisateur, son premier long métrage s'intitule Hedwig and the Angry inch (2001), étonnante comédie musicale consacrée à une rockeuse transgenre. En 2006, Shortbus sort comme une bombe sur les écrans, avec la volonté manifeste de mettre fin à une (auto-)censure individuelle et collective. Le film est un plaidoyer pour un sexe heureux, débridé mais accueillant, tolérant, et dont le médiateur le plus sûr, par-delà les névroses, demeure la joie.

Le Court-Métrage

JOURNAL ANIMÉ

De Donato Sansone - 2016 – France – Animation – 4’
Improvisation artistique menée au jour le jour entre le 15 septembre et le 15 novembre 2015, inspirée des pages de l’actualité internationale de Libération…

LE VOYEUR (PEEPING TOM)

Vendredi 5 octobre à 17h00

De Michael Powell - Grande Bretagne – 1960 – VOST - Drame/Horreur – 101’
Avec Karlheinz Böhm, Anna Massey, Moira Shearer.

FILM PATRIMOINE
 


Mark est un jeune homme solitaire que son père, psychologue intrigué par l’expression de la peur, a filmé toute son enfance comme on filme un objet d’étude. devenu photographe et cameraman, Mark est passé « de l’autre côté », il « opère » si l’on peut dire. Sa passion déborde largement le cadre des plateaux et des studios, il est hanté de façon terrible, morbide, par les obsessions paternelles, considérant l’âme de sa caméra comme d’autres celle de leur arme : « Ce que je photographie, je le perds. »…

« Malsain », « répugnant », le film fit scandale ! Rejeté du public et de la critique, pas même distribué souvent, il est oublié, laissant la lumière au Psychose d’Hitchcock, sorti la même année. C’est que nous n’étions pas Norman Bates, alors que nous sommes si proches de Mark, nous n’avions pas à aimer Norman Bates, alors que nous nous prenons à aimer Mark : difficile à accepter !

Dans cette mise en abyme incessante de « la caméra magique », vampirique, le scandale réside aussi dans ce que le film est une réflexion du cinéma, du réalisateur mais aussi du spectateur. Ainsi, qu’est-ce que la peur au cinéma ? Peut-être le point culminant de l’expression du visage et du regard, dès le départ objet des convoitises de tout réalisateur parce qu’il focalise le plan qui va nous remuer sur notre siège, parce qu’il est le spectacle, qui nous captive, de nos propres angoisses, le plaisir étrange et attirant de vivre à distance nos intimes et équivoques répulsions. Le cinéma est-il un plaisir pervers ? Le miroir de nos névroses de spectateurs dont la psychose de Mark serait l’image aboutie ? Nous sommes tous des voyeurs…

MICHAEL POWELL

C’est peu dire que Le voyeur aura été un tournant dans la carrière de Powell. Avant, elle est surtout marquée par ses coréalisations avec Emeric Pressburger, dont le 49e Parallèle ou Le narcisse noir. Après, et malgré quelques tournages mineurs, elle est terminée : le « monde » du cinéma ne lui pardonne pas le film !

C’est en 79 que Scorsese l’exhume, le projetant au Festival du Film de New-York au titre de ses « plaisirs coupables ».

Le Court-Métrage

LE REPAS DOMINICAL

De Céline Devaux - 2015 – France - 14'
Sur une musique de Flavien Berger et voix off de Vincent Macaigne : Jean observe les membres de sa famille. On lui pose des questions sans écouter les réponses, on lui donne des conseils sans les suivre…

LE JEU

Vendredi 5 octobre à 19h00

De Fred Cavayé - France – Comédie/Comédie dramatique – 90’
Avec Bérénice Béjo, Suzanne Clément, Doria Tillier, Stéphane De Groodt, Vincent Elbaz, Grégory Gadebois, Roschdy Zem.

AVANT-PREMIÈRE
 

 

De vieux amis se retrouvent en couple pour un dîner. L’un d’eux devrait même présenter sa nouvelle compagne. Cela rend curieux. de façon impromptue, fortuite, la discussion s’engage autour de la transparence et de la confiance, naturelles somme toute, quand il s’agit d’amour ou d’amitié. naturelles, vraiment ? En tous cas, voici une bonne opportunité de jouer : que chacun pose son portable au centre de la table, au centre du dîner, et partage en toute innocence – et avec courage ! - le pain, le vin et le fil de ses correspondances numériques ! Bon appétit !

Rassurez-vous, c’est une comédie ! À moins, évidemment, que vous ne vous décidiez à jouer le jeu en sortant de la salle. Il serait surprenant toutefois que le réalisateur prenne la responsabilité des drames domestiques qui se noueraient, après coup, chez les spectateurs ! Le huis-clos renvoie ces derniers au plaisir de se rappeler d’autres huis-clos vus au cinéma, et permet au réalisateur d’allier à la comédie la tension qu’il peut mettre dans ses thrillers. Ici, le principe de la comédie est de tirer sur l’élastique, jusqu’à ce qu’il… Mais c’est pour rire ! Et il y a même un petit côté shakespearien, version Songe d’une nuit d’été : après tout, cela n’est qu’un moment hors de l’espace-temps, un moment d’exception, à la magie discutable il est vrai, mais qui se résorbe vite dans le cours apaisant de nos vies sereines. Dans La Rose pourpre du Caire, un personnage sort de l'écran et devient une personne ; ici, une personne entre à l'écran et devient personnage : est-ce encore, irrémédiablement, un drame ?

 

FRED CAVAYE

D’abord auteur de trois courts-métrages remarqués, dont À l’arraché (2003), Fred Cavayé s’est rapidement imposé comme le réalisateur qui renouvelle le cinéma d’action en France : ses trois thrillers, Pour elle (2008), À bout portant (2010) et Mea culpa (2014), lui vaudront d’ailleurs d’être remarqué par les producteurs américains qui lui proposeront la réalisation de Die Hard 5. C’est en 2012 qu’il s’essaye à la comédie, réalisant le premier volet, Le Prologue, du film à sketchs Les infidèles, avant, en 2016, de mettre en scène Radin !

Soirée « Allons dîner au cinéma ! »

 Projection suivie d’un plateau repas
préparé par David Blanco 

Sur réservation aux Cinémas Le Quercy et l’ABC
Informations : abc.cahors@wanadoo.fr - 05 65 30 17 74

Le Court-Métrage

EYES

De Tom Law - 2012 – Angleterre - Animation – 1’
De quoi se préparer au film qui suit !

THE HOUSE THAT JACK BUILT

Vendredi 5 octobre à 22H30

De Lars Von Trier - Danemark/Suède/France/Allemagne - VOST – Drame/Thriller – 155’
Avec Matt Dillon, Riley Keough, Uma Thurman, Bruno Ganz.

Cannes 2018 – Hors compétition - Visa en cours - AVANT-PREMIÈRE
 

Nous sommes dans les années 70, dans l’état de washington aux états-unis. Jack est tueur en série. il revendique une soixantaine de crimes. Sur le point d’être arrêté, il se confie à verge, un vieil homme mystérieux. Et nous suivons alors cinq moments de la vie de Jack, cinq moments de son oeuvre de tueur en série comme autant d’exemples ou autant d’étapes de la construction de « sa maison », puisqu’il semble voir dans l’architecture la validation de ses actes…

Qu’est-ce que peut bien venir faire un tel film, aussi violent, torturant et torturé, dans une sélection hédoniste ? La réponse la plus simple est qu’il peut servir d’antithèse, de contre-point à toute quête du bonheur, tant Lars Von Trier semble aimer montrer la souffrance (Breaking The Waves, Nymphomaniac), tant, comme Verge dans le film, il paraît assimiler son rôle de réalisateur à celui de Virgile guidant Dante dans sa descente aux Enfers, dans une vision tellement ténébreuse de la nature humaine… À moins, si l’on écoute dialoguer Jack et Verge dialoguer, d’y saisir un hédonisme poussé dans ses revendications les plus radicales : « D’après certains, les atrocités commises dans notre fiction sont les désirs qu’on ne peut assouvir dans notre civilisation contrôlée et qui s’expriment à la place dans l’art. » Serait-ce Lars von Trier qui parle ?

LARS VON TRIER
Co-fondateur du mouvement Dogme95 – Les idiots en 1998 – le réalisateur s’est depuis éloigné des principes de réalisation épurée alors revendiqués. Son cinéma met souvent en scène un personnage central en grande souffrance, souvent féminin – on se rappelle le personnage de Selma joué par Björk dans Dancer in the Dark. Cinéaste provocateur, il avait choqué l’assistance à Cannes, en 2011, lorsque présentant Melancholia, il disait comprendre Hitler, l’homme. Un réalisateur évidemment ironique et un peu mégalomaniaque – il n’hésite pas à se citer – qui ne nous aide pas toujours à bien l’appréhender.

Le Court-Métrage

THE ELEPHANT’S GARDEN

De Felix Colgrave - Australie – 4’
Étrange animation au bestiaire psychédélique.

 

L’AMOUR FLOU

Samedi 6 octobre à 14H00

De Romane Borhinger et Philippe Rebbot - France – Comédie/Romance – 97’
Avec Romane Bohringer, Philippe Rebbot, Rose et Raoul Rebbot-Bohringer, Lou Bohringer, Richard Bohringer, Clémentine Autain, Reda Kateb.

Festival du Film Francophone d’Angoulême 2018 – Prix du public - AVANT-PREMIÈRE
 

« Les Amours finissent un jour » chante Moustaki. Mais « la vie continue malgré tout », répond Michel delpech. Quand Romane et philippe décident de se séparer, c’est inévitablement compliqué : il y a les enfants, le chien « de Columbo », l’entourage, les commentaires. Et puis, il faut refaire sa vie. Ce n’est pas aussi simple que de refaire un toit. Même si cela passe par un nouveau toit, justement, qui permet de sauvegarder le cordon ombilical de la famille, une sorte de « sépartement ». on respire et on étouffe. on est séparés et on est ensemble. C’est un peu flou…

Romane joue Romane. Philippe joue Philippe… Tous jouent leur propre rôle. Qu’est donc ce film ? Une chronique ? Une romance autobiographique ? Une autofiction ? Une auto-analyse cinématographique ? Comme nous ne sommes pas censés connaître l’intimité de la famille Rebbot-Bohringer, là encore, nécessairement, le flou s’installe.

C’est la richesse du film. Quand Philippe dit « Ça nous raconte bien », le spectateur le prend aussi pour lui. Leur histoire raconte la nôtre, comme la nôtre pourrait raconter celle de beaucoup d’autres : après l’amour, chercher le chemin du bonheur. Une quête bienveillante et enjouée.

ROMANE BOHRINGER

Romane débute au cinéma à 12 ans, aux côtés de son père, dans Kamikaze (1986). César du meilleur jeune espoir féminin en 1993 pour son rôle dans Les nuits fauves de Cyril Collard, sa filmographie approche désormais les cinquante films !

PHILIPPE REBBOT

Philippe Rebbot, son compagnon depuis 2006, est acteur et scénariste. Il a notamment tourné sous la direction de Le Guay, Rappeneau, Mocky ou les frères Larrieu.

Le Court-Métrage

ANNA ET BELLA

De Borge Ring 1984 – Pays-Bas – 8’
Animation autour d’un album photos. Oscar 1986.

 

 

 

 

 

BÉCASSINE

Samedi 6 octobre à 16h30

De Bruno Podalydès France – 2018 – Comédie – 91’
Avec Emeline Bayart, Karine Viard, Denis Podalydès, Josiane Balasko, Michel Wuillermoz, Bruno Podalydès

En présence de Bruno Podalydès

 

Un vol de bécasses survolait la ferme quand elle est née : elle portera donc leur nom, Bécassine. Adulte, elle garde sa naïveté d’enfant : paris la fait rêver.

Et c’est guidée par ce rêve qu’elle croise la marquise de grand-Air et accepte d’entrer à son service, comme nourrice. il y a tellement de joie au château de grand-Air ! Mais les soucis arrivent, sous forme de dettes et d’un amuseur un peu filou…

Étonnante controverse à propos de ce film que celle qui a embrasé des réseaux régionalistes craignant de voir dans Bécassine une effigie propice à faire rire de la Bretagne ! C’est étrangement confondre bêtise et candeur, idiotie et âme d’enfant, à moins que nos enfants ne soient idiots ou que ce qui nous reste d’enfance soit aussi notre fond de stupidité. Stupides, nous le sommes tous peut-être un peu, mais sans doute pas par ce biais-là.

Bécassine est une femme redoutable : ce n’est pas le monde qui abuse de sa crédulité mais sa crédulité qui met le monde au pas. Elle a les clefs de la vie, comme Chvéik, ce brave soldat dont les Tchèques sont si fiers, qui était seul capable de damer le pion aux délires de la Grande Guerre.

Et puis, ce n’est pas forcément l’adaptation de la vénérable BD que l’on vient voir, mais plutôt une nouvelle occasion de profiter de l’imaginaire fantaisiste de Bruno Podalydès. Et là, il n’y a pas de souci : nous sommes bien dans son univers cocasse et léger, celui qui nous offre même la chance – c’est la grâce du cinéma ! – de nous réémerveiller de réalités pourtant banales : on redécouvre ainsi l’électricité en compagnie de Bécassine ! Quelle merveille, l’électricité !

Le Court-Métrage

SOUS TES DOIGTS

De Marie-Christine Courtès 2014 – France – Animation – 13’
À l’occasion du décès de sa grand-mère, une jeune eurasienne revit, entre danse et rituels, l’histoire singulière des femmes de sa famille, de l’Indochine coloniale à l’isolement d’un camp de transit.

CHACUN POUR TOUS
(LES BEAUX ESPRITS)

Samedi 6 octobre à 20H00

De Vianney Lebasque France – Comédie – 94’
Avec Jean-Pierre Darroussin, Ahmed Sylla, Camélia Jordana, Thomas de Pourquery, Olivier Barthélémy

En présence d’Olivier Barthélémy - AVANT-PREMIÈRE
 

Les jeux paralympiques de Sydney approchent. Martin entraîne l’équipe de France de basket des déficients mentaux, mais il se retrouve dans la panade : plusieurs de ses joueurs lui font faux bond. hors de question pourtant de renoncer aux Jeux, ce serait condamner sa fédération et manquer à une promesse faite à sa fille, handicapée. Alors il organise un casting pour enrôler des basketteurs de second rang. Ainsi complétée, l’équipe - et son staff - s’envole, chacun avec des objectifs et des rêves très disparates…

Au 17e siècle, un « Bel Esprit » désignait une belle âme, une personne intelligente. Mais l’ironie du temps tourne l’expression en dérision. Le pluriel du sous-titre réussit pourtant le tour de force de jouer sur l’un et l’autre sens : le cynisme et le grotesque se frottent ici à la bienveillance et au dépassement de soi. Il s’agit pour le réalisateur de raconter bien plus que le simple scandale ubuesque qui a vraiment eu lieu. D’où le choix de la comédie, qui permet une narration dépassant le simple discours moral. L’effet comique vient forcément des situations, des décalages, des quiproquo, surtout enfin du renversement humaniste qui s’opère dans l’appréciation complexe de ce que l’on nomme intelligence, faculté qui s’effrite inexorablement sous le jour révélateur des moments de vie.

VIANNEY LEBASQUE

C’est à « l’école » du court-métrage que Vianney Lebasque fait ses armes au cinéma, notamment remarqué pour Unza Unza (2007). Les Beaux Esprits est son second long-métrage, après Les Petits Princes (2013) qui avait déjà pour cadre le sport, histoire d’un jeune footballeur dissimulant une pathologie pour rester dans son centre de formation. Depuis 2016, il réalise pour la télévision la série Les Grands, mettant en scène la vie d’ados en Troisième au collège. Son prochain film, Smiley, sera une comédie autour du syndrome de « l’homo numericus »…

Le Court-Métrage

LES INDES GALANTES

De Clément Cogitore 2018 – France – Performance – 6’
Rameau et la rue à l’Opéra Bastille…

CLIMAX

Samedi 6 octobre à 22h30

De Gaspar Noé France – 2018 – Drame – Métaphore horrifique – 95’
Avec Sofia Boutella, Romain Guillermic, Souheila Yacoub, Kiddie Smile Bande originale : Ambroise Thomas

Cannes 2018 – Prix Art & Essai à la Quinzaine des réalisateurs Visa en cours


Soirée « À partir de 23h00 : »

 Soirée électro au village,
ouverte à tous, DJ Ma-tew.

 

 

Trois temps donc, comme pour naître, vivre et mourir. Trois temps étonnants et tout en contraste d’un point de vue cinématographique, où les montages sériels puis nerveux se heurtent aux plansséquences, où les points de vue verticaux se muent dans un vortex de travellings étourdissants… L’impact est de l’ordre du choc. Un choc qui va crescendo jusqu’au « climax », justement, un choc étiré jusqu’au point culminant d’une tension stimulée par un éclairage psychédélique et une bande-son obsessionnelle. Ça bouge et surtout ça remue. Peut-on donner un sens au chaos ? Est-ce un film moralisateur ou bien éducatif comme le suggère Gaspar Noé lui-même ?

Dans le générique de fin que le réalisateur remonte tôt dans le film, il inscrit ce dernier sous une étrange revendication hédoniste bientôt mise à mal par l’histoire elle-même. Peut-être est-il important de toujours se rappeler que l’on est dans une salle de danse, devant un long miroir donc, et que la contradiction cataclysmique est l’essence du reflet – motif essentiel du film - de la discordance entre soi et la perte de soi, la perte de l’enfance, l’oubli dangereux de la peur du noir. Réfléchir au chaos, c’est déjà retrouver un peu d’ordre, même si on met un peu de temps à faire son ménage.

 

GASPAR NOE

Si l’on devait associer chaque artiste à un élément chimique, Gaspar Noé serait le soufre ! De ses quatre longs-métrages précédents, seul Love (2015) n’a pas été interdit aux moins de 16 ans ; il l’était aux moins de 18 ! Pourtant, le fait de montrer la violence, le sexe, parfois les deux associés, l’expérience de la mort, ne sont pas une volonté gratuite de frapper le public. Il s’agit bien de poser des problématiques, de nous engager à réagir, à réfléchir. Cela se traduit par ailleurs, dans nombre de courts-métrages, par un engagement concret. Par exemple, Sodomites ou 8 furent tournés pour appuyer la lutte contre le sida. Choquant, peut-être, revendicatif c’est certain.

Le Court-Métrage

DEUS EX THERAPIS

De Marion Gombert, Baptiste Groazil et Maïté Robert - 2015 – France – Animation – 5’
Dieu « s’invitent » chez Bernard Michaud, psychanalyste. Au thérapeute d’être patient !…

COMME UN AVION

Dimanche 7 octobre à 11h00

De Bruno Podalydès France – 2015 – Comédie – 105’
Avec Agnès Jaoui, Sandrine Kiberlain, Bruno Podalydès, Vimala Pons, Denis Podalydès, Michel Wuillermoz, Pierre Arditi.

En présence de Bruno Podalydès
 

Michel, infographiste quinquagénaire, est féru d'aviation. Admirateur de l'Aéropostale, il rêve chaque jour de s'envoler à bord d'un de ces engins formidables. Lorsqu'il découvre des photos de kayaks, il est tout de suite séduit par les lignes souples de ces canots, qui lui rappellent le fuselage d'un avion.

Après avoir acquis un kayak et s'être entraîné sur le toit de sa maison, il reçoit l'approbation de sa femme pour entreprendre une virée en solitaire sur une rivière inconnue. Au cours de son périple qui rompt totalement avec son quotidien et l'entraîne loin de chez lui, Michel multiplie bientôt les rencontres le long de la rive…

Pas besoin d’avion pour s’envoler, ou alors « sans ailes », comme dans la chanson de Charlélie Couture ; pas besoin de la Méditerranée pour faire son Odyssée, ni de tout plaquer pour résoudre une crise existentielle ! La vraie vie, celle dont on profite, celle qui rend heureux, est à portée de main, comme l’aventure d’un enfant cherchant, jusqu’à la source du ruisseau d’à côté le monde rêvé des Indiens.

Voici une comédie sensuelle, humaniste, burlesque parfois, que n’aurait pas reniée le Jean Renoir d’Un déjeuner sur l’herbe ! Avec la même sensation d’effeuillage des faux habits du bonheur, lorsque le héros du conte prend conscience de la vanité de ses représentations – son barda de kayakiste ! - et accepte le lâcher-prise d’un havre faunesque et libertaire.

Le Court-Métrage

SAMSUNG GALAXY

De Romain Champalaune - 2015 – France/Corée – 7’
Documentaire, récit photographique
Samsung représente un cinquième du PIB de la Corée du sud…

COLD WAR (ZIMNA WOJNA)

Dimanche 7 octobre à 14h00

De Pawel Pawlikowski - Pologne/Grande Bretagne/France – VOST – Drame/romance – 89’
Avec Joanna Kulig, Tomasz Kot, Borys Szyc, Jeanne Balibar, Cédric Kahn.

Cannes 2018 – Prix de la mise en scène - AVANT-PREMIÈRE

 

Dans les années 50, wiktor, un musicien épris de liberté, passe à l’ouest. Mais pas zula, qui choisit de rester en pologne où elle devient la vedette de son groupe folklorique. Leur histoire d’amour va alors se vivre à l’épreuve d’un rideau qui n’a pas la délicatesse de ceux qui protègent une alcôve : le rideau de fer.

Le récit de Pawlikowski est partiellement un hommage biographique à ses parents : « C’étaient de profonds insatisfaits. Mais comment auraient-ils pu ne pas l’être dans la Pologne frustrée et frustrante de l’époque ? » Cependant, le cadre politique reste une toile de fond qui se veut discrète, n’expliquant pas tout, à lui seul, des entraves à l’épanouissement amoureux de Wiktor et Zula. On pense d’ailleurs souvent aux couples de Truffaut.
C’est la musique en premier lieu qui campe l’opposition entre les deux mondes, et notamment l’omniprésence transgressive du jazz, une bandeson appuyée par une palette de noir et blanc qui force le contraste, entre le gris d’une Pologne repliée sur elle-même et le noir profond des nuits parisiennes. La romance prend alors un accent volontairement ‘glamour’. Le réalisateur cherchait quelque chose de Lauren Bacall dans Zula - « où seuls les yeux travaillent, où l’ironie passe par la gravité de la voix » - tandis qu’il voulait Wiktor « aussi beau et attirant que Gregory Peck ».

 

PAWEŁ PAWLIKOWSKI

Paweł Pawlikowski, 60 ans, a longtemps travaillé en Angleterre, où il est arrivé à 14 ans, puis a vécu à Paris et Berlin. Il a d’abord réalisé nombre de documentaires, avant de passer à la fiction avec the Stringer, en 1998. Il revient en Pologne en 2011 pour réaliser La Femme du vème – dont l’intrigue se déroule essentiellement à Paris - avec Joanna Kulig, déjà, et Kristin Scott Thomas. Son film précédent, ida (2014), au succès inattendu, le fait mieux connaître du grand public.

Le Court-Métrage

VIBRATO

De Sébastien Laudenbach - 2017 – France – 7’
1899. Une veuve confie toutes les folies qu’elle a faites avec son mari…

 

 

 

 

MIA ET LE LION BLANC

Dimanche 7 octobre à 16h00

De Gilles de Maistre - France – Afrique du Sud – Aventure – 98’
Avec Mélanie Laurent, Langley Kirkwood, Daniah De Villiers, Ryan McLennan

En présence de Gilles de Maistre

 

 

 

Une histoire d’amour exceptionnelle entre une enfant et un lion blanc. Mia a 11 ans quand elle noue une relation hors du commun avec Charlie, un lionceau blanc né dans la ferme d'élevage de félins de ses parents en Afrique du Sud. pendant trois ans, ils vont grandir ensemble et vivre une amitié fusionnelle. Quand Mia atteint l'âge de 14 ans et que Charlie est devenu un magnifique lion adulte, elle découvre l’insoutenable vérité : son père a décidé de le vendre à des chasseurs de trophées. désespérée, Mia n’a pas d’autre choix que de fuir avec Charlie…

Le tournage s’est étalé sur trois ans. Ce n’est pas inhabituel pour Gilles de Maistre. 

Il lui fallait ici le temps de suivre la relation entre la jeune actrice et le félin, de les voir grandir ensemble sous l’oeil patient de la caméra et avisé de Kevin Richardson, zoologiste sud-africain. Aujourd’hui, à 15 ans, Daniah De Villiers est la seule à pouvoir approcher Charlie et son quart de tonne. Un détail documentaire pour conclure un film de fiction !

Le Court-Métrage

SHUFFLE

De Stéphane Kahn - 2015 – France – Expérimental – 3’
Réminiscences visuelles pour souvenirs sonores : un parcours fragmentaire, aléatoire, au gré d’un millier de disques et de trente années en musique.

LETO

Dimanche 7 octobre à 19h00

De Kirill Serebrennikov - Russie – VOST – Biopic romantique et musical – 126’
Avec Teo Yoo, Irina Starshenbaum, Roman Bilyk Bande originale : Ilya Demutskiy

Cannes 2018 – 6 nominations - AVANT-PREMIÈRE

 

Leningrad, 1980. il n’y a pas encore de boîtes de nuit sous la lune soviétique, seulement un Club de rock officiel, étroitement policé, où la jeunesse enthousiaste vient sagement écouter la musique libertaire qui résonne depuis l’ouest. on suit alors deux figures musicales de cette scène alternative qui grandit malgré le corset de la censure. il y a d’abord Mike naumenko, le grand frère, avec sa muse natasha ; et puis arrive viktor Tsoi, au charisme saisissant…

Voici un biopic qui respire le talent ! Qui sait prendre sa liberté de création – un N&B plein de fantaisie, une mise en scène tonique - au profit même de ceux auxquels il rend hommage. Nous ne connaissions ni Viktor ni Mike et nous ne saurons pas tout d’eux, mais nous vivons ce qui les anime. Nous sentons la gaieté mélancolique de cette petite société underground : où le regret de ne pas avoir la force subversive de la scène anglo-saxonne s’efface devant la bienveillance hédoniste de Mike et l’extase collective de la musique.

Et alors là, c’est un feu d’artifice ! Même en aveugle, le film vaut le déplacement ! Perfect day, Ashes to Ashes, The Passenger, Children of the revolution, 20th Century boy, The Velvet underground, Blondie, Lou Reed, Bowie, Iggy Pop, T-Rex, Mott the hoople… et bien sûr la chanson éponyme du film, composée par Mike, Leto (l’Été, en russe), hommage à l’ambiance solaire du film. La musique, c’était leur vie et c’est tout le film ! Le genre de film que l’on revoit seul chez soi pour l’accompagner de sa guitare !

KIRILL SEREBRENNIKOV

Kirill Serebrennikov n’était pas à Cannes en mai dernier. Accusé de détournement de fonds – comment ne pas subodorer une vieille ficelle politique – il est toujours assigné à résidence. Son engagement contre un régime liberticide est une constante et Leto, par son sujet, participe évidemment de ce combat. Depuis 1998, il en est à son dixième long-métrage. Parmi ceux-ci, deux ont été distingués, Jour sans fin à Youriev ou Yuryev Den (2008) et Le Disciple (2016).